« en 1949 j’ai fait un ensemble d’études pour une série d’illustrations de l’ulysse. joyce traite chaque chapitre ou épisode de son livre avec un style différent et j’ai essayé de faire un équivalent pictural des sauts stylistiques de joyce : une eau-forte pour chaque chapitre. j’ai quitté le projet parce que je ne trouvais pas d’éditeur »
richard hamilton
Les illustrations du grand roman de notre siècle n’ont jamais accompagné le livre. richard hamilton continue cependant à revenir sur le thème jusqu’à ce jour, avec l’obsession qui le caractérise de s’échapper du style et d’explorer, avec une grande maîtrise, diverses techniques graphiques. Comme son duchamp admiré, il éprouve une animosité aussi viscérale qu’intellectuelle envers l’empreinte personnelle, l’idiolecte figé d’un artiste. como duchamp, hamilton no escogel del vasto diccionariode la naturaleza sino del gran repertorio de imágenes que proceden de la alta y baja cultura. et comme son prédécesseur, la cuisine du peintre le répugne, même s’il se délecte du savoir-faire du graveur et des subtiles variantes de la représentation qui, comme un « jeu d’erreurs », testent notre capacité à percevoir et à déchiffrer une image. en paraphrasant le collage de style joycien, on voit la figure massive de Buck Mulligan dont l’énorme main rappelle le colonialisme du picasso néoclassique, attaqué par le personnage dégingandé derrière, le sumultanisme de « the transmogrifications of bloom”, le cubisme doux de la scène de l’enterrement, la perspective d’en haut et déformée de la scène de bloom dans la baignoire, l’ironie des dessins anatomiques classiques avec leurs analogies imaginatives (dans une autre version de la même scène) et ce cru degas dans « yes » (probablement Molly Bloom allongée, nue, sur le lit). l’apothéose de cette succession de styles la constitue « in horne’s house » où coexistent un masque primitif, un visage de bellini, un jeune homme extrait de l’art égyptien, stephen dedalus comme napoléon de gros et bloom com paul cézanne, dans un sage conglomérat plein de force plastique.
mais effacer le romantisme de la trace personnelle implique aussi une poétique : la passion refroidie par l’encyclopédisme, l’humour sain et nécessaire envers la culture visuelle, la remise en cause des canons esthétiques.
victoria combalía