la galerie gadaqués – huc malla rouvre les portes de l’emblématique galeria cadaqués 2 en invitant gorka chillida et la commissaire irene altaió, qui a proposé un dialogue entre l’œuvre de l’artiste de donostia gorka chillida avec des œuvres d’artistes de référence de l’art concret (max bill, richard paul lohse, max hubert, entre autres). l’exposition de gorka chillida (donosti, 1981), intitulée « faire pousser », accueille un ensemble de dix-huit sculptures en acier de différents formats et plus d’une quarantaine de dessins récents. fils et petit-fils d’une saga d’artistes basques de renommée internationale, gorka chillida a commencé à montrer son œuvre récemment, avec un accueil exceptionnel à madrid, donosti, barcelona et maintenant à cadaqués. il est l’auteur du dessin de l’affiche de l’édition actuelle du festival de musique de cadaqués, où il a profilé le périmètre de la baie de cadaqués avec les formes géométriques si caractéristiques de son dessin. son travail explore le potentiel volumétrique de l’espace. les sculptures proviennent de petits tubes en acier, dont les extrémités se dilatent en créant des couches, des cavités et des ouvertures qui gravitent sur son propre corps. en les créant, gorka chillida rend visible sur la peau des sculptures la texture des soudures qui relient les petites pièces, créant ainsi un jeu visible de contrastes. il s’agit d’un exercice qui développe l’équilibre entre les dualités de l’intérieur et à l’extérieur, du visible et caché, de la suspension et de la gravité. l’œuvre demande au spectateur une attitude active afin de trouver, du point de vue toujours changeant, un chemin dans les cavités par lequel orienter le regard et la pensée. dans le cas du dessin, il poursuit les explorations commencées dans la sculpture et, à partir du vide, il construit un tissu de formes au caractère géométrique marqué, qui constituent des « colonies » créées avec des rythmes répétitifs et des variations. de fort impact visuel, en monochrome, ses dessins sont de rigoureuses variations formelles qui se développent organiquement.
l’exposition gorka chillida est liée à une exposition d’art concret, qui est une des lignes d’exposition du galeriste, architecte et artiste italo-suisse lanfranco bombelli, fondateur de la galeria cadaqués (1973-1997, rouverte en 2003 par huc malla). ainsi, vingt ans après la fermeture de l’espace historique galeria cadaqués 2 (1976-1982), qui avait été inauguré à cause de la nécessité d’accueillir un plus grand nombre d’artistes, parmi lesquels joseph beuys, joan brossa, adolfo estrada, richard hamilton, david hockney, frank stella et mies van der rohe, cet été on a voulu rendre hommage à l’art concret à l’occasion du centenaire du bauhaus. la constellation d’artistes liés à la biographie de lanfranco bombelli établissent un cadre historique et conceptuel proche des compositions géométriques, rigoureuses et systématiques basées sur un minimum de moyens plastiques, que dans le cas de l’art concret trouve son inspiration dans les mathématiques ainsi que gorka chillida dans des compositions abstraites qui se développent de manière organique. la galerie cadaqués a réalisé une tâche très importante et légendaire d’édition d’œuvres graphiques et multiples, dont certaines sont celles qui, en cours ou en série, sont présentées dans cette exposition. on peut voir deux œuvres, de beaux rythmes colorés (1977) de max huber, artiste et graphiste d’origine suisse et protagoniste de la typographie constructive de l’après-guerre ; une avant la lettre de max bill, vier mal drei gleiche farbquanten (1990), édition pour l’affiche du festival de musique de cadaqués, et une édition exceptionnelle de 1943. on peut également voir des épreuves d’artiste et des impressions de richard paul lohse, dario grossi et heijō hang, provenant du cadaqués portfolio one (1973), édité par bombelli et qui fut l’évènement fondateur de la galerie cadaqués. de jakob bill on présente la sérigraphie intégrée au cadaqués portfolio four (1997), en mémoire de son père max bill. de françois morellet on montre une édition exceptionnelle d’un dessin post-bauhaus réalisé avec le système aléatoire programmé (1997) et diagonale fragmentée (1978), un bijou contemporain en acier inoxydable. de sol lewittt, la magnifique et frappante gravure sur bois sur papier japonais a form driven from a rectangular solid (1992). de l’artiste antonio calderara, deux sérigraphies, en grand et petit format, de la série des variations chromatiques (1977). d’adolfo estrada, le seul représentant de l’art concret en Espagne, on présente en frise une p/a de l’ensemble cassia (1975). enfin, rendant un hommage explicite à lanfranco Bombelli, qui, dans sa jeunesse, avait collaboré à la reprise de l’art concret dans les années qui suivirent immédiatement la fin de la seconde guerre mondiale, trois de ses œuvres graphiques en noir et blanc sont présentées en face à face avec l’œuvre du jeune artiste gorka chillida.