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black & white

exposition collective

10.08.2019 – 15.09.2019

jean arp, marc aleu, jordi baron rubí, lanfranco bombelli, joan brossa, john cage, eduardo chillida, josé antonio coderch, hannah collins, parvine curie, rita donagh, adolfo estrada, camille graesser, richard hamilton, max huber, alfredo jaar, jasper johns, shigeyoshi koyama, robert llimós, víctor mira, antoni muntadas, bruce nauman, perejaume, pablo picasso, mel ramos, man ray, antoni tàpies

le noir et le blanc ne sont pas les extrêmes d’aucun univers. le blanc n’est pas l’opposé du noir, ni celui adversaire du premier. Le blanc n’est pas la somme fondue de toutes les couleurs. ni le noir, l’anéantissement de toutes les couleurs. il n’y a pas de nuances, pas de dégradés, pas d’échelles entre le blanc et le noir, car les deux sont des couleurs, des couleurs différentes, comme le sont l’ocre et le magenta, le sienne des carreaux et le brun de l’humus de la forêt, le carmin de la cerise et le gris rat, le jaune sec des lichens et le bleu de l’impossible, le sanguin et le turquoise. les fiches d’échecs, au lieu d’être noires et blanches, auraient très bien pu être rouges et vertes, comme le drapeau portugais. La couleur de l’ombre projetée par une fiche blanche est exactement la même que la couleur de l’ombre projetée par une fiche noire. si le pourpre est la couleur de certaines prunes, le blanc est celle du ciel enveloppé de nuages. si l’or est la couleur de la paille brûlée des moissons, le noir est plutôt la couleur de l’esplanade céleste avant qu’elle ne soit remplie de lucioles et avant, aussi, que juan larrea ait publié ses secrets. le blanc et le noir sont des couleurs, mais ce sont certainement deux couleurs essentielles qui ont alterné, au fil du temps, la représentation symbolique du deuil. mais en réalité, le noir et le blanc sont-ils vraiment des couleurs ? pourquoi le blanc devrait-il mieux représenter le silence que toute autre couleur ? ne ferait-il pas de même, le noir ? pourquoi le noir s’approprie-t-il totalement la représentation picturale de la nuit ? n’y a-t-il pas aussi les nuits blanches qui sont souvent celles dont on se souviendra le plus ?
qui sait pourquoi, nous avons tendance à penser à une couleur sombre lorsqu’on fait référence à l’arrière-plan des choses. et à une couleur clair, en revanche, quand nous imaginons les manifestations de la lumière. dans l’exposition qui se déploie devant vous, le clair et l’obscur sont les seuls guides d’un itinéraire éclectique par le fond et la forme de l’histoire de la galeria cadaqués, de l’art concret au conceptuel, en passant par la nouvelle figuration, le pop art et la photographie. un voyage radical qui vise à revenir aux origines de la galerie tout en découvrant des pièces de quelques-uns des artistes les plus éblouissants de ces derniers temps. joan brossa, dans ses poemes de seny i cabell, a écrit ces vers, que nous avons traduits du catalan :

 

pot de peinture blanche.
un campement de plâtriers au pôle. pot de peinture noire.
un nègre qui vole du charbon
dans un gouffre.

 

pourquoi le noir et le blanc devraient-ils être des couleurs qui tendent l’arc-en-ciel -l’un d’un côté, l’autre, de l’autre côté, comme les fondations percées d’un pont entre lequel se trouve l’œil brisé qui cède la place à l’eau courante ou à la sécheresse écrasante? l’eau de la rivière ne reflète-t-elle pas aussi clairement et harmonieusement le nuage sombre d’un noir menaçant, qui tout à l’heure était à peine brun foncé avec des bordures couleur chair, et cette lune admirablement blanche qui, quand elle a commencé à se lever par-dessus des toits de Florence, était d’une couleur orange mat, et qui semble avoir accompli un processus de maturation inverse? Le noir et le blanc ne sont pas les extrêmes d’aucun univers. ils sont la célébration abstraite et parfaite des couleurs dans lesquelles s’abreuve l’œil humain.

Cesca Castellví Llavina

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